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Un instant avec... Régis Perray, artiste plasticien

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La Saison Culturelle vous propose de découvrir celles et ceux qui oeuvrent pour la culture sur le territoire. Ouverture de ces portrait s'inspirant du Questionnaire de Proust avec Régis Perray, artiste présent à l'ouverture du Centre d'Art Contemporain de Pontmain en 1999.

Peux-tu te présenter et quelle est la raison de ta présence à Pontmain ?  Je m’appelle Régis Perray, j’ai 51 ans et je suis artiste plasticien. Je suis au Centre d’Art Contemporain de Pontmain pour terminer une œuvre que j’ai débutée pour mon exposition de l’année dernière. Je reviens à Pontmain, où j’ai quasiment débuté ma carrière il y a 20 ans.

D’où viens-tu ?  Je viens de Nantes, je suis d’origine Bretonne, Vendéenne et Portugaise.

Des aprioris avant de venir ? Non, aucun. J’ai même défendu le centre d’art à sa création en 1999. Notre exposition, avec Sandrine Fallet, Carole Lebay et Eunji Peignard-Kim, était la première du lieu. Le soir du vernissage, un ami qui exposait à Rennes m’a dit « Tu devrais être avec nous et exposer à Rennes ! » Et je lui ai répondu -c’est la première fois que j'ai réalisé cette idée- « Il n’y a pas de petit lieu et de grand lieu. » J’étais ravi d’être ici puisque c’était ma première résidence, et je savais que ce projet pouvait être important pour moi.

Je n’ai pas eu d’apriori parce que je suis un petit gars de la campagne -j’avais des grands parents paysans donc j’adore ce genre d’endroit-, aucun apriori ni sur le village ni sur les gens ; au contraire je me suis tout de suite senti très bien ici. J’adore revenir d’ailleurs, pour moi c’est un havre de paix. Quand ma compagne m’écoute parler de Pontmain, elle me dit « Tu vas finir par acheter une maison là-bas! »

Ce que tu préfères ici ? Le centre d’art. C’était ma première résidence, lorsque je sortais tout juste d’école ; j’ai vu le lieu grandir et ai connu ses trois directrices : Peggy Diveres, Annaïk Besnier et Stéphanie Miserey. J’ai vu le lieu se transformer, être rénové pour ses 10 ans, afin d’évoluer et se construire autour de l’accueil des artistes. Avec les chambres, les salles de bain individuelles, la pièce de vie commune, les espaces d’exposition au rez-de-chaussée et à l’étage, la salle d’arts plastiques qui sert aux artistes et aussi pour les ateliers avec les publics. Peu de lieux ont ce "tout-en-un". Pour moi c’est ce qui fait son exception.

Ce qui t’agace le plus ici ? Pas grand-chose. Peut-être qu’au début, je trouvais que dans la cuisine il manquait des ustensiles. L’année dernière j’ai demandé des coquetiers, j’aime bien de temps en temps me faire un œuf à la coque le matin !

Un souvenir sur le territoire à partager ?  Ça sera bien évidemment la chapelle, une œuvre très forte pour moi et qui réunit des gens aussi bien de Pontmain que de l’autre bout du monde. Cette œuvre, elle incarne ce que j’aime dans une résidence, c’est-à-dire être dans le territoire et l’habiter avec ce genre de projet.

Pourquoi choisir Pontmain comme lieu de résidence en 1999 ? Je ne me souviens plus de la manière dont je suis arrivé dans cette résidence, car à l’époque il n’y avait pas internet comme aujourd’hui. C’est peut-être Peggy Diveres, puisqu’on avait des amis en commun, qui m’en a parlé. Je suis arrivé parce que c’était un lieu qui naissait et déjà je pensais que c’était important d’être présent au début des lieux, ça m’est souvent arrivé et j’adore ça ! J’adore démarrer des aventures sans préjugé de ce que ça deviendra.

L’activité qui te détend le plus. Cuisiner me détend beaucoup ! C’est très lié à ma pratique artistique ! J’ai fait beaucoup d’activités répétitives : des balayages, des nettoyages, des transports de sable… dans la chapelle à l’arrière du centre d’art je peins 413 étoiles ; ça pourrait paraitre fastidieux, mais à chaque étoile c’est une nouvelle aventure. C’est pareil pour la cuisine, une activité répétitive.

As-tu un livre préféré ? Il y a deux livres que je relis régulièrement. Un livre de poésie de Blaise Cendrars et l’autobiographie de Stephan Zweig, « Le monde d’hier, souvenirs d’un européen ». J’ai besoin de toujours les relire, c’est comme s’ils faisaient partie de moi, et à chaque fois j’y redécouvre de nouvelles choses.

Un endroit idéal pour lire ?  Le train : je peux y lire, être très concentré sur les mots. En même temps, la traversée des paysages avec la vitesse est un élément qui favorise mon imagination, cela m’apporte beaucoup d’idées. Souvent, le combo

As-tu un mot préféré/détesté ? Ni l’un ni l’autre, il y a trop de mots que j’aime. Peut-être que je n’aime pas suicide, parce que je pense aux conséquences de ce mot. Autrement je pense aux mots de la cuisine, de l’amour, de l’art, je les aime tous….j’aime bien le mot café, pour ce qu’il représente : la boisson, les pâtisseries… Je trouve que les mots ont cette grande puissance d’évoquer des choses très rapidement, une puissance qui me propulse vers des tas d’autres endroits, de mots, de significations.

Ta chanson préférée ? L’œuvre absolue tout domaine confondu, avant même des tableaux ou des architectures, c’est la sonate en Si mineur de Franz Liszt. C’est la plus belle chose que je n’ai jamais entendue. Ma version préférée est de Maurizio Pollini, un pianiste italien maintenant âgé, je l’écoute depuis que j’ai 21 ans, elle me touche et m’émeut toujours.

Une exposition qui a marqué ton esprit ? L’exposition de Giacometti de la Fondation Leclerc à Landerneau (2015). Je suis amoureux de l’œuvre, de l’artiste, de sa façon d’être quotidiennement au travail et uniquement consacré à son œuvre. Il y a aussi eu l’exposition du collectionneur russe Chtchoukine à la Fondation Louis-Vuitton que j’ai beaucoup aimée à Paris (2017). Dans celle-ci il y avait une salle entière de Gauguin, 13 au total, comme sortis de l’atelier. En la visitant j’ai reçu une claque de bonheur : j’étais shooté, en overdose de couleurs, j’avais presque un vertige tellement c’était puissant.

As-tu une figure modèle dans le monde de l’art ? Giacometti, Opalka, …des gens dont j’ai beaucoup apprécié les attitudes et les œuvres. Il y a aussi des peintres du 19e siècle : Bastien Lepage, Jean-François Millet, Rosa Bonheur, Jules Breton…des peintres dits naturalistes, qui représentent les gens dans les champs, à la campagne. Et puis l’Antiquité Egyptienne, c’est une période que j’aime beaucoup. Enfant, je trouvais cela fascinant qu’autant de moyens soient consacrés aux morts. Maintenant quand je découvre un lieu, j’ai toujours l’impression d’être Rob Carter qui ouvre la tombe de Toutankhamon, avec cette idée qu’il peut y avoir un trésor, que même un petit objet oublié par terre peut être une source d’émerveillement.

Est-ce que tu penses revenir ? Je reviendrai pour des vernissages, et pour découvrir des expositions. "La voûte étoilée" étant terminée, comme il y a 413 étoiles, cela signifie que 413 personnes ont dédié une étoile pour un de leur proche disparu ; j’ai beaucoup d’amis qui aimeraient que je sois présent lorsqu’ils viendront visiter la chapelle. Je pense que je les accompagnerai, cela sera une belle raison de revenir ici.

Portrait réalisé le 18/05/2021 au Centre d'Art Contemporain de Pontmain.

Venez visiter la chapelle et sa voûte étoilée par Régis Perray !

Centre d'Art Contemporain de Pontmain
8 bis rue de la Grange
53220 Pontmain
Horaires d'ouverture : du mercredi au dimanche, 14h30 > 17h30
Visite libre et gratuite.


En ce moment au centre d'art : Makiko Furuichi et Gwenn Mérel en résidence